Laissez-moi vous raconter une histoire, celle d’une rencontre humaine guidée par l’invisible.
Je vais vous parler d’une femme que j’ai connue il y a une dizaine d’années, à l’époque où j’exerçais un « vrai métier »! Je l’appellerai par l’initiale de son prénom : L. est d’origine roumaine, mariée, et vit de petits boulots. Elle parle très bien le français, mais a gardé son petit accent qui lui donne un charme singulier. Je la croisais régulièrement dans l’immeuble où je travaillais, car elle y venait pour faire des ménages chez un particulier. Toujours souriante, toujours un mot gentil à mon égard, L. est le genre de personne que l’on prend plaisir à croiser sur son chemin. Sans y prêter attention, je ne l’ai plus vue pendant de longs mois, jusqu’à ce jour fin 2019…
Quelle ne fut pas ma surprise de retrouver L. devant un supermarché hard-discount, assise sur un siège sommaire avec un gros cabas à ses côtés : L. faisait la manche! Elle me reconnait immédiatement, son sourire n’a pas changé, son éclat dans les yeux non plus. Comment est-ce possible, vu sa situation? Je m’approche d’elle pour savoir ce qu’il s’est passé : « que vous est-il arrivé? ».
L. m’explique sa descente aux enfers depuis le décès de son mari : elle a perdu son boulot principal, elle a des soucis administratifs qui n’en finissent pas, et elle vient régulièrement aux abords de ce supermarché pour aider tant bien que mal son amie qui peut l’héberger, en attendant des jours meilleurs. Elle reçoit de la nourriture, des produits d’hygiène, un peu d’argent, et surtout la bienveillance des gens qui la connaissent et lui adressent un mot gentil, un sourire, une attention.
Je me sens démunie devant une telle situation, j’aimerais tellement l’aider. Ma propre situation n’est pas des plus glorieuses, mais je peux quand même lui apporter un peu de fromage : de l’Abondance, c’est bien tout ce que je souhaite à L. de recevoir! En discutant avec L. pendant quelques minutes, je ressens la présence de son mari décédé : il n’a pas pu rejoindre la lumière. Mais je ne dis rien, je ne fais rien.
Je n’ai pas envie d’être intrusive auprès de quelqu’un qui ne m’a rien demandé…
Je n’ai pas envie de me transformer en sauveuse de l’humanité avec mes antennes de passeuse d’âmes…
Je ne veux pas sacrifier ma vie, ma médiumnité n’est pas un sacerdoce…
Ou alors, je ne suis tout simplement pas prête.
Et l’année 2020 s’écoule sans que je ne retourne à cet endroit. Les rares fois où je suis allée faire quelques courses à ce supermarché, L. n’y était pas.
Tant mieux, me disais-je.
Jusqu’à ce jour de février 2021…
Mon moral est en berne, mes finances encore plus. Je n’ai pas d’autre choix que de rogner sur tous les postes de dépense, et je retourne dans ce supermarché hard-discount. L. est assise devant, et me salue avec un grand sourire et les mêmes étoiles dans les yeux.
« Oh, bonjour… j’aurais tellement aimé vous retrouver ailleurs qu’ici », lui dis-je.
Elle m’avoue à quel point c’est difficile pour elle, elle s’accroche et prie tous les jours. Je prie, je prie, c’est important, me dit-elle.
Je réponds en toute franchise que je suis moi-même en proie à des difficultés qui ne me permettront pas de lui remonter le moral, malheureusement… mais je ne m’étale pas sur le sujet : sa situation est tellement plus dramatique que la mienne! Parfois, on a besoin d’un miroir électrochoc pour relativiser les difficultés de sa vie. Ce n’est pas un documentaire fictif à la télé qui me montre la misère à l’autre bout du monde, non, c’est une femme, humaine avant tout, que je connais et qui se trouve là, devant moi. Elle me montre mon état intérieur profond, pour que je le guérisse enfin : moi aussi je me sens démunie, dépouillée par la vie, avec la sensation d’avoir tout perdu et de galérer pour remonter la pente. Moi aussi j’ai l’impression de faire la manche auprès de mon entourage. Et quand je vois L. aussi courageuse, malgré ses difficultés, je me dis que cette rencontre n’est pas due au hasard… Je m’accroupis vers elle, et nous parlons quelques minutes. Je l’écoute attentivement, et je branche mes antennes… Puis je fais tilt.
Son mari. Je dois l’aider à rejoindre la lumière, et ainsi libérer L. de cette présence parasite qui l’empêche d’avancer dans sa vie, j’en suis sûre. Oh, il ne le fait pas exprès, ce brave monsieur, au contraire! Il voudrait bien l’aider et la soutenir, mais de là où il se trouve, il ne se rend pas compte qu’il lui fait davantage de tort que de bien. Moi oui. Il est temps d’arrêter de me cacher, d’arrêter d’avoir peur, il est temps d’agir. Maintenant. En aidant les âmes des défunts à rejoindre une vibration lumineuse, c’est la seule façon de m’aider moi-même. Cette fois, je n’en ai plus aucun doute.
« Qui peut m’aider? » me dit L. dans un dernier cri du coeur…
« Moi, je peux… »
Ses yeux s’illuminent instantanément, ils brillent d’émotion. J’attends que les clients du magasin s’éloignent de nous, et j’expose la situation à L. Je lui dis qui je suis, et ce que je peux faire. Je lui explique tout ce que je ressens, et je la préviens que j’ignore ce qu’il se passera après… je ne peux pas lui fournir de garantie. Mais au fond de moi, je sais qu’un miracle est possible, je viens justement d’en vivre un avec ma soeur. (Lire l’article « Un miracle inattendu »)
L. entend mes paroles comme si elle venait de la même planète que moi, elle retrouve instantanément le sourire. Elle ne me prend pas pour une folle, au contraire! Elle m’accueille, moi et mon aide. Ce jour-là, je ne peux pas lui donner de fromage, mais l’abondance que je peux lui offrir est tellement plus vaste! Il est temps que je me connecte à temps plein à la valeur de ce cadeau pour m’engager dans ma vie. La rencontre avec L. est un ultime moment initiatique, j’accepte de le vivre pour ce qu’il est.
L. n’a jamais évoqué une quelconque religion, elle n’a pas nommé un Dieu particulier. Mais ses prières venant du plus profond de son coeur, elles ont porté leurs fruits.
Ce jour-là, je les ai entendues.
Je lui demande les quelques informations dont j’aurai besoin pour faire mon soin, et lui promets de m’en occuper dès que je rentre à la maison. J’ai besoin d’être dans un environnement calme, posée, à l’écoute de tout ce qui a besoin d’être nettoyé et libéré. Lorsque je termine mon soin, je ressens cette vague de soulagement et de libération caractéristique des passages d’âmes, qui ressemble à une sorte d’ascenseur vibratoire. L’espace est libéré, ça y est. Et je prie pour L., pour que sa situation administrative et personnelle se débloque enfin, pour qu’elle rencontre les bonnes personnes, celles qui pourront lui offrir un nouveau travail. Et tellement plus encore!
Et je prie pour moi, aussi… parce que j’en ai besoin, pour recevoir les cadeaux de la vie, peu importe la forme qu’ils prendront. Ce jour-là, j’ai reçu un cadeau immense, et je remercie l’Univers et mes Guides pour cette belle rencontre.
Gratitude.
Patience.
Je retournerai au supermarché la semaine prochaine. Et la suivante. Jusqu’au jour où j’apprendrai une bonne nouvelle pour L., j’en suis sûre.
En attendant, vous pouvez aussi prier avec moi.