Actualités, Des bouts de moi

40

Tout le monde parle d’un cap, d’une crise de la quarantaine, je pensais qu’il s’agissait d’une légende, une invention sociale, une chose abstraite qui ne m’atteindrait pas, pas à moi.

Raté.

Au plus la date anniversaire approche, au plus la sensation est lourde. Cet âge oblige à se poser des questions, à regarder sa vie en face : qu’en ai-je fait? Suis-je sur le bon chemin? Que me reste-t-il à accomplir?

Je vis mal cette transition car je fais un constat difficile : il existe un écart très grand entre ce que j’avais imaginé pour moi et ma vie, et la réalité telle qu’elle est. La vie est en train de m’enseigner une leçon primordiale : je ne maitrise rien, et je dois accepter ce qui me dépasse et sur lequel je n’ai aucune prise. Accepter ce qui est plutôt que de lutter pour tenter de construire une chimère illusoire, une utopie qui ne m’apportera de toute façon rien de plus.

Résumons mon parcours :

À 20 ans, je suis partie loin de ma famille, juste après avoir frôlé la mort de très près. Premier choc. Physique. Je me suis construite comme je pouvais, en m’accrochant à de nombreuses illusions. Je n’avais pas d’autre choix.

À 30 ans, ce que j’avais commencé à construire à deux s’est effondré : ce n’était qu’une illusion de laquelle je devais sortir. Deuxième choc. Émotionnel. J’ai entamé des remises en question profondes, des thérapies variées pour me relever et trouver mon alignement.

À 35 ans, je rencontrais celui qui a fait battre mon coeur d’une façon inédite, exceptionnelle, impossible à maitriser. J’étais prête à m’abandonner à cette force d’amour qui m’envahissait, prête à construire notre temple commun, prête à accueillir une petite âme du futur. À vivre une vie que je considérais comme « normale ». Mais cette rencontre a été avortée dans l’oeuf, IL a fait demi-tour avant même de s’engager, me laissant seule avec mon immense désarroi et une vacuité sans précédent. J’ignorais que je venais de rencontrer mon âme-soeur, et qu’il me faudrait de longues années pour me reconstruire de ce troisième choc. Spirituel. L’effondrement de trop.

(N.B. : lire « Vénus, le chat qui attendait Jupiter »)

À l’aube de mes 40 ans, le bilan est lourd. Donc c’est ça, ma vie? Me débattre sans arrêt pour tenter de construire quelque chose qui va de toute façon s’effondrer?

Ou alors j’ai placé mes racines aux mauvais endroits…

En 2016, j’ai rencontré une femme, médium, qui me témoignait de ses anciennes difficultés dans la vie. Elle naviguait de thérapies en traitements divers, jusqu’à ce que la vie la place face à elle-même. Ses mots furent les suivants :

« Tout s’est arrangé pour moi quand j’ai accepté d’être qui je suis, quand j’ai accepté ma médiumnité. Ce n’était pas une maladie à combattre, mais un état intérieur contre lequel je devais cesser de lutter ».

Ses mots ne m’ont jamais quittée. Pour autant, ils restent difficiles à mettre en pratique au quotidien. Ça veut dire quoi, concrètement, accepter d’être médium? J’ai la sensation désagréable d’être en permanence ballotée par des courants qui m’emportent dans une direction que je n’ai pas choisie. L’impression d’être une marionnette, un pantin dirigé par des forces qui me dépassent, et pour lesquelles je n’ai pas d’autre choix que de me soumettre. Je déteste me soumettre.

Et pourtant, toutes ces énergies contre lesquelles je lutte renferment en réalité le trésor que je recherche depuis ma naissance. À n’en pas douter. J’ai seulement rencontré les mauvais miroirs, ceux qui m’ont fait croire que « c’est ça la vie », alors que la mienne est foncièrement différente. Ni meilleure, ni moins bonne qu’une autre. Juste différente. Et que la seule chose à faire, c’est de l’accepter… et de la vivre. Telle qu’elle est. Et non pas telle que je l’ai imaginée. Ou telle que les autres la vivent, tous ceux qui ne portent pas ma singularité et qui ne peuvent donc pas savoir ce que c’est que d’être moi.

Faire le deuil de ce que je ne vivrai jamais, pour découvrir ce que la vie me réserve, en acceptant de rester à ma place, aussi originale soit-elle. M’éloigner des conventions sociales de ceux qui te regardent de travers quand tu ne suis pas le courant collectif habituel.

Tic, tac… le compte à rebours à commencé… il est bientôt l’heure de sauter les deux pieds dans ma quarantaine. Serai-je prête?

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